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lundi 13 août 2018

"...rater encore. Rater mieux" Je ne sais quoi et presque rien

Expo 3 août / 25 Août 2018 / Galerie "Les Bigotes" Vannes .



           




           J'ai choisi de montrer des gravures, au format réduit (30X30) et carré . Ces travaux sont pour la plupart présentés en triptyques qui , dans mon esprit, renvoient aux 3 vers du haïku . Par ailleurs, ces gravures représentent des fragments de paysages intérieurs , des "mindscapes" . Sur un plan technique , le papier choisi est un velin indien aux bords frangés ; il est à la fois très souple et très résistant . Encadrées dans une caisse américaine avec un espace entre le fond et la vitre, les gravures paraissent flotter et jouer avec les ombres portées . Le polyptyque de 4 gravures aux couleurs primaires vives sont mes derniers travaux: il s'agit de 4 fragments d'une croix avec des contre-collés . 












                                                                    Less is more



                                                                  Presque rien





                                                 Presque tout                     Quelque chose noir




                                                                   Que sais-je ?



                                                         Minime minimum imminimisable 


Presque rien, un tableau réussi tient à presque rien.

La formule est courte et forcement réductrice, mais le reconnaître, c’est aller au cœur de la peinture. Une couche de médium pigmenté sur une surface sans relief particulier. Le sujet est sans importance, Eugène Delacroix disait déjà que la peinture pouvait se passer de sujet et quand sujet il y a, seule la manière de le traiter est importante.

Un tableau réussi est un mystère, comme la vie même ; pas d’équation ni de recette secrète ne concourt à sa fabrication et pourtant, une savante alchimie est à l’œuvre qui résulte de l’histoire du peintre et de sa manière d’être au monde.

Presque rien, ça peut être une petite surface jaune vibrante dans un grand tableau (le petit pan de mur jaune de la vue de Delft de Vermeer) ou trois petites taches vibrantes qui se répondent dans un grand Pollock, ça peut être un trait enfantin ou maladroit dans un Dilasser qui va nous toucher sans que l’on sache pourquoi. Deux couleurs qui se parlent ou s’insultent peuvent suffire à la réussite d’un tableau tout comme une « touche » expressive nous fera « entendre » le peintre mieux que s’il nous parlait directement.

Souvent, le tableau est raté. Un tableau raté se reconnaît rapidement par une petite musique absente, le peintre n’est pas là, tout comme la concierge est dans l’escalier, il n’est pas loin, mais pas là.
Presque rien, un tableau raté tient à presque rien.



"N'importe. Essayer encore. Rater encore. Rater mieux."
S. Beckett

Pierre Converset