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jeudi 2 février 2023

LE VISIBLE DU SIGNE . Exposition ALAIN HISSETTE (du 3/02 au 4/03/2023)

 de gauche à droite : Varban Christov, président des "Ailes du", Alain Hissette, Fabien le Guernevé, (premier adjoint au maire de la ville de Vannes et ... mon ancien élève 😊!!!)


 Voici un article sur un ami que je connais depuis plus de quarante ans, un artiste dont la peinture se mérite . Ne manquez pas cette exposition si vous passez par Vannes .


 

 

Le visible du signe


le signe

le visible du signe

la face cachée du visible


une fois la nappe retournée

il reste une ligne

et un espace


a mindscape


dans la réalité

de l’atelier


des lignes

d’un tableau à l’autre


tes rhizomes .


Jacques Poullaouec

 
 

VIE COITE


Le silence s’est installé là


dans un coin du tableau

il bouge encore


c’est la vie coite


et ce triangle, là

le coin dans ta mémoire

chapeau de papier

plié


il faudrait convaincre

le bleu de venir

là se poser

se reposer


le pinceau tourne

sur lui-même

pigmentation

des jours tranquilles 

                                          Jacques Poullaouec 



Entrez dans « quelque-chose-bleu »

Regarder un tableau d'Alain Hissette, c'est entrer dans le bleu, dans l'espace d'un bleu qui n'est pas celui du ciel, mais plutôt celui d'une fleur bleue, d'un revenez-y, d'un Forget-me-not, d'un myosotis. Comment pénétrer dans ces toiles, sans architecture fixe ou connue ? Sinon par une tête d'épingle, un point infime.

Il faudrait avoir la liberté du spermatozoïde qui pénètre dans l'ovule...flagelle...battements...premiers battements d'ailes...premières pulsations du cœur. Cette amande noire dans le bleu, blessure noire ouverte. Comment dire ? Les mots se cognent au bord du tableau et reviennent sans cesse à ce centre de gravité. Rentrer dans un territoire déjà connu, inconnu d'avoir été trop connu, dans les espaces d'une vie autre. Cheminer sur les traces de Miro, dépasser le mur de Nicolas de Stael, aller vers « cette faucille d'or dans le champ des étoiles » ( Victor Hugo).

Il faut bien avoir recours à quelque chose pour entrer dans l'inimaginable, pour trouver le point de rencontre entre cette main qui a peint et cet œil, notre œil, qui regarde. La main du peintre a une longueur d'avance; l'œil doit-il suivre le même parcours ?

Il y a quelque chose là qui parle, mais à qui? Il y a quelque chose qui parle sans vouloir nous parler. Il faut se désencombrer la vue de toute architecture concertée, pour entrer dans « quelque chose bleu ». Il faudrait attendre la nuit pour relier du noir à du noir, en passant par le bleu. Bleu-nuit, noir de charbon éteint, charbon d'un feu depuis longtemps consumé, d'une étoile qui brille encore, mais déjà morte. Bleu encore, de cette encre bleue ou violette, encre qui demande un jaune ou qui le crée ou qui l'écrit. La lumière se brise quelque part sur le rebord de ce plan. Est-ce une table ?Il n'est pire labyrinthe que que celui qui a perdu ses murs et ses allées, ses angles...aucun repère solide auquel accrocher son fil d'Ariane . Nous sommes dans un espace autre où il faut accepter de se perdre pour ...se retrouver. Pénétrez dans la grotte, la caverne maternelle où le bleu le dispute au bleu.

Pour regarder la toile d'Alain Hissette, il faut retrouver le tremblement de vos premiers pas, quand les certitudes n'existaient pas encore...il faut trouver le tremblement de vos derniers pas quand les certitudes n'existeront plus. Lâchez prise.


Jacques Poullaouec.




 

Fixer le temps sur la toile


Ta peinture, Alain, est pour moi, une radiographie et surtout pas une photographie . Il s'agit pour toi de voir au dedans au lieu de rester à la surface des choses . Entre toi et le « motif » que tu peins, une absence volontaire de motivation , un lâcher-prise . C'est le Temps qui peint pour toi, c'est le Temps que tu cherches à peindre . Pas le temps des horloges mais le temps des vibrations qui s'agitent entre toi et le monde . Tu veux réunir les pointillés qui te relient au monde, à cette coupe, à ce citron, à cette nappe... peu importe...devant ton chevalet...sur cette table . Regarder pour bien garder, pour voir et donner à voir au regardeur, à cet autre, ce qu'on avait déjà vu et oublié. Je pense que, pour toi, peindre c'est avant tout laisser le temps effacer ce que tu as regardé pour mieux le garder .


VOIR... NE PLUS VOIR ...REVOIR .


Peindre une nature qu'on qualifie trop souvent de morte , alors qu'elle est une vie silencieuse. Peindre cette nature vivante, cette vie coite, tranquille...comme un paysage qu'on a déjà vu il y a très longtemps et qu'on a oublié et qui remonte et qui revient se poser là sur ta toile , se reposer après un voyage intérieur , qui s'est fait en toi, à l'insu de toi .

Vibrations et tremblements ; ta peinture est chamanique.


Jacques Poullaouec .