ça y est ! Notre livre est publié depuis le 6 septembre 2012 aux éditions Publibook.
Léon Philibien voulait marquer d'une pierre blanche plusieurs années de
vol et d'observation du monde à bord de son ULM. Je suis le frère
Jacques qui lui a prêté sa plume pour écrire quelques mots en
contrepoint
Comment peut-on caresser la peau de la terre ? Avec les ailes d'un papillon ? Avec la plume d'un tabellion ?
Once
upon a time
Il
était une fois , comme on dit chez nous...
Dans une de ces
planètes qui tournent autour de l'astre nommé
soleil, il y avait un homme,ni
trop jeune, ni très vieux,de beaucoup d'esprit, que j'ai
eu l'honneur de connaître dans le dernier voyage qu'il fit sur notre
petite fourmilière; appelons-le
Léon-Papillon, nom qui convient fort à tous les gens zélés,
pardon, les gens ailés.
Léon
se mit à voyager de continent en continent, de pays en pays, d'arbre
en arbre, de fleur en fleur, de fourmilière en fourmilière . Il
voyageait sur sa merveilleuse machine volante, sur sa mobylette des
airs, sur son ULM, objet volant bien identifié, auquel on
l'identifia beaucoup. « Ceux qui ne voyagent qu'en
voiture seront sans doute étonnés de cet équipage de là-haut.
Notre voyageur connaissait merveilleusement les lois de la
gravitation, et toutes les forces attractives et répulsives. Il
était expert en vents, anémo-maître en quelque sorte; il regardait
le monde de haut mais sans aucun mépris, sans aucune condescendance.
Léon savait garder ses distances: trop haut, on ne voit rien; trop
près, on ne voit plus rien; dans l'entre-deux, on voit bien. Chacun
sait que la proximité déforme. De là haut, il regardait le monde
au bout de sa lunette, en sortait par magie des images.
Les
ailes du papillon n'aboliront jamais le hasard, qu'on soit bien ou
mal armé! Mais un jour, le hasard fit que Léon Papillon se posa
près de la demeure d'un petit homme à la tête chenue, que partout
dans le pays à l'entour, on appelait Tabellion. En guise de cadeau,
Léon offrit ses images à Tabellion. En échange, celui-ci lui prêta
sa plume pour écrire quelques mots, au clair de la lune ou ...de la
terre, si on est Breton .
« Cette
terre ,que tu me montres dans tes images, est si mal
construite, si irrégulière et d'une forme qui me paraît si
ridicule! Tout semble être dans le chaos: voyez-vous ces petits
ruisseaux...dont aucun ne va de droit fil, ces étangs qui ne sont ni
ronds, ni carrés, ni ovales, ni sous aucune forme régulière...En
vérité, ce qui fait que je pense qu'il n'y a personne dans vos
images ni dans ces pays, c'est qu'il me paraît que des gens de bon
sens ne voudraient pas y demeurer. »
« Eh bien, dit
Léon, ce ne sont peut-être pas non plus des gens de bon sens qui
l'habitent. Tout vous semble irrégulier chez eux,
mais ici aussi, chez nous, la terre porte des traces. Il y a des
traces sans hommes,mais il n'y a pas d'hommes sans traces, hélas !
Le
vent, les fleuves et les mers, les pattes des animaux, les pieds des
hommes écrivent de belles lignes sur la terre. Je suis le colporteur
de ces images. Les machines , elles, qu'elles volent, rampent,
rapent, accrochent, éliment,scarifient, sacrifient....s'attaquent
aux peaux de la terre et y laissent leurs cicatrices, leurs
cicatraces.
Et voilà comment
Léon-Papillon et son Tabellion se mirent à cet ouvrage. Vous y
trouverez des mots et des mots sur les maux de la terre. Mais comme
dit Charles Baudelaire, « le Beau est bizarre »;Puissent
les images de Léon et les mots de Tabellion vous ouvrir les yeux sur
les peaux de terre qu'on devrait caresser au lieu de violer.
(Que Voltaire me pardonne, j'ai emprunté à son Micromegas, quelques lignes (en italiques) pour écrire ce texte )
Ce livre ne parle pas que de traces. Il veut aussi mettre en correspondance des lieux visités par Léon et des
personnes qu'il a rencontrées et auxquelles je m'adresse directement, sans jamais les avoir vues.
en Ethiopie, plateau de Gondar
Osman
Un éclair dans tes yeux
une étoile sur ton front
le ciel est parfois si bas
en Mauritanie, oasis de Chinguetti
Khadijah et Kalila
Le sable est la peau
la terre est la mère
en Ethiopie, Makele
Markos
Certains regards transpercent
quand on remplace les mots
par les balles
en Ethiopie, plateau d'Abyssinie
Ermias
Ouvre la terre avec le couteau de tes yeux
tes cils battent
au même rythme que les blés
.