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mercredi 21 août 2013

SE FONDRE

Mots volés à la nuit
par le nyctalope que je suis :

Il y a du blanc qui m'attend
il y a une feuille qui me tend
son espace.

éblouies oubliées
de l'autre côté de la feuille
les années-lumières
Dans les buissons de mes mains
une plume dort.

Un mot la réveille.


Laisser flotter quelques paroles dans le silence
laisser courir quelques mots sur la page blanche
La pieuvre aussi se cache derrière son encre.





Papillon bleu                                                                                          
sur ciel bleu                                                                                                  
il a l'air de Rien                                                                                            

La nuit avale
peu à peu les lignes
écrire dans l'ombre

 Ce reflet dans mon verre                                                                            
Je boirai le nuage                                                                                        
et le vent avec                                                                                              

Il fait noir en moi                                                                                        
le noir d'une chambre noire                                                                      
révéler la lumière                                                                                        

La lumière s'allonge                                                                                    
je me lève                                                                                                      
marre de l'ombre! 

Peut-on suivre
le soleil à la trace
sans sa part d'ombre ? 

La lumière a toujours
une deuxième chance  
celle de la nuit  

La feuille tombe
la lumière passe
le souvenir germe                                                                                 

Jacques Poullaouec

   


 Pour combler les vides et ...les lecteurs de ce blog que j'ai quelque peu délaissés ces temps-ci voici les derniers mots de "L'innommable" de Samuel Beckett.

       "...il faut continuer, je vais donc continuer, il faut dire des mots, tant qu'il y en a, il faut les dire , jusqu'à ce qu'ils me trouvent, jusqu'à ce qu'ils me disent, étrange peine, étrange faute, il faut continuer, c'est peut-être déjà fait, ils m'ont peut-être déjà dit, ils m'ont peut-être porté jusqu'au seuil de mon histoire, devant la porte qui s'ouvre sur mon histoire, ça m'étonnerait, si elle s'ouvre, ça va être moi, ça va être le silence on ne sait pas , il faut continuer, je ne peux pas continuer, je vais continuer." 


L'île de l'île . Le rêve d'une île bien réel(le)

Nous les avions rêvés ...cette île, ce prix .

Le prix du livre insulaire d'Ouessant 2013 , catégorie "Beaux Livres" a été attribué à Hervé Inisan et Jacques Poullaouec, pour leur ouvrage

                                                     "Rêver Ouessant"

Le rêve de Jacques Poullaouec et Hervé Inisan

Hervé Inisan et Jacques Poullaouec ont décroché le prix « beaux livres » pour « Rêver Ouessant » ou la rencontre entre l'homme de lettres et le peintre amateur.
           Ce sont donc, d'une certaine manière, les locaux de l'étape, comme disent les coureurs cyclistes, qui ont obtenu le prix dans la catégorie « beaux livres » : Hervé Inisan, qui a de la famille à Ouessant, et son oncle, Jacques Poullaouec, professeur de français à la retraite, originaire de Lesneven et qui vit actuellement dans le Morbihan. L'éditeur de leur livre « Rêver Ouessant » est, lui aussi, un éditeur local, spécialisé dans le voyage : Didier Labouche, des éditions Géorama, basées à Brest. « Rêver Ouessant » est né des activités croisées de l'homme de lettres et du peintre amateur, qui photographie l'île depuis une vingtaine d'années. « Cette collaboration est un peu née par hasard », expliquent les heureux auteurs. Hervé Inisan prenait des photos de vacances qu'il transformait ensuite en aquarelles. Jusqu'au jour où la photographie s'est imposée.

« Ne faites pas ce que vous savez faire »

              Jacques Poullaouec écrivait, de son côté, des haïkus et a notamment publié deux recueils consacrés au chat et aux quatre éléments.(+"Le haïku des pierres / Carnac" avec des photographies de Pierre Converset ) « Ce livre m'a fait du bien, confie-t-il. Il m'a libéré de la forme, parce qu'avec l'habitude, on perd en sincérité, on ne pense plus qu'à la mécanique ! ». Il a donc suivi le conseil de Faulkner : « Ne faites pas ce que vous savez faire » ! Le photographe et l'écrivain se sont ainsi concentrés sur le rêve, « parce qu'on savait ce que l'on ne voulait pas faire et qui avait déjà été fait et bien fait ». Ils ont cherché des thèmes, un fil conducteur et écrit des textes sur les photos, pris des photos sur des textes, marié textes et photos... Et édité un beau livre : un rêve qui est devenu une réalité.

Article du Télégramme du 19/08/2013

extrait liminaire:

Rêve, mode d'emploi

Accoster à une île
c'est s'attacher à un lieu
où l'on se détache de tout
sauf de l'essentiel:
l'eau, l'air, la terre
et Rien
c'est à dire TOUT
c'est à dire L'INFINI

Entrer dans une île
c'est entrer en soi
c'est accepter de se perdre
pour mieux se retrouver.

Marcher dans une île
c'est se déplacer dans un livre
Lire une île, c'est RÊVER

Vouloir décrire une île
c'est prendre le risque
de noyer les mots
ici
on retourne toujours à la mer
plus qu'à la terre.

Pour écrire Ouessant
il faudrait étendre
les pages sur le ciel
et laisser le vent
guider sur le papier
quelques rêves
qui risqueraient de s'oublier
car les mots volent
-c'est du moins ce qu'on dit à terre-
ici
les mots nagent
et coulent et remontent
la ligne de flottaison des âmes
n'a nul besoin d'arpenteur
la mer mélange tout
les plus beaux souvenirs
comme les sombres naufrages.

Peut-on décrire la forme d'une île ?
Peut-on donner des contours à une âme ?

Elle vacille parfois, l'âme
et chavire à grands coups de blues
ivresse du bleu
boire, boire encore le ciel
et trouver la ligne de partage
là-bas, tout là-bas.

Faire ses yeux petits
pour voir grand.

Faire ses yeux petits
posés sur la ligne d'horizon
pour avaler tous les nuages.

Une île
du ciel sur de la mer
et de la terre entre les deux
le poids du bleu sur du bleu
et la légèreté de l'air
une île
une longue ligne
vers laquelle nous nous en allons.

En première ligne
au bout du monde
Ouessant
Une île sentinelle.

Il y a tant de rêves à garder.

Ouessant zone limite
Publié le 26/04/13 13:12 par Louis Gildas
Ouessant—Ah un livre sur Ouessant ? Encore ? … Mais sur ou pour ? L'un et l'autre mon Conseiller général ! Mais un beau livre dont Didier Labouche, l'éditeur brestois de la rue Boussingault à l'enseigne de "Géorama" garde jalousement le secret.
Et il a raison à preuve ce bel ouvrage tout consacré à l'île sentinelle de l'extrême.
Deux, ils sont deux, l'un photographe de talent : Hervé Inisan, l'autre sculpteur des mots Jacques Poullaouec, deux auteurs pour nous offrir comme dans un écrin cet opus, vrai chant d'amour à une terre océane autant battue par les vents autant que rutilante au soleil d'ouest.
C'est à lire, à savourer, à garder pour l'éternité dans sa bibliothèque. La préface est du comédien, auteur, metteur en scène, Olivier Py qui a fait d'Ouessant son ermitage. image2Jacques Poullaouec et Hervé Inisan " Rêver Ouessant", Editions Géorama, 143 pages, 27 euros. ■
logo Louis Gildas est un reporter indépendant. Il a contribué à Armor Magazine, Bretagne Hebdo, et Ouest France, , AQUI TV, Radio Périgueux, Le Journal du Périgord. Collabore à L'Express, à France Bleu Limoges et à l'ABP.