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jeudi 2 janvier 2014

Georges PERROS , un homme et ses "papiers collés".

Parmi les hommes avec qui j'aurais aimé parler, il y en a quelques uns, hélas disparus pour la plupart mais qui pour moi sont bien plus vivants que beaucoup de nos contemporains . Je vais ici commencer à les présenter au gré de mes papillonnages dans les rayons de ma bibliothèque.Les bons livres sont des conversations longues de comptoirs.
En ces temps de tempêtes j'imagine que je rentre dans un bistrot de Douarnenez et  que j'écoute parler Georges Perros ( de son vrai nom Georges Poulot 1923/1978):

"La poésie, c'est une femme nue qui se baladerait sur les Champs-Elysées en plein jour, et qu'on ne remarquerait pas. Qu'on ne verrait pas. Sinon, brièvement, les aveugles.

"Après tout , je ne suis pas bon à grand-chose. Je m'en rends compte de plus en plus fréquemment. Et c'est presque un cas de suicide. Je vis au bord de la mer, mais demandez-moi de naviguer, j'en suis incapable. Je fais des enfants à une femme qui n'en demandait pas tant, en ayant déjà quelques uns, mais si besoin était, je ne suis pas foutu de l'aider à accoucher. Je ne me sens pas un salaud pour autant, mais ce manque de connaissances humaines me rend parfois très malheureux, et le mot est faible.Ce que je sais faire n'a pas lieu sur le marché quotidien, et ce savoir est si mince, si précaire, qu'il est loin de me rassurer sur le bien-fondé de ma présence.J'ai donc fui les êtres capables de me rendre intéressant ; facile, très simple. On m'a trouvé un peu farfelu, mais je savais ce que je ne voulais pas. Je reste nez à nez avec ce que je veux. J'ai fini par comprendre que je ne voulais rien. Et qu'on me donnait toujours quelque chose.Qui me faisait exister. Cette obsession de liberté qui m'a animé,, qui est mon mouvement perpétuel, eh bien le voilà satisfait. Je suis libre. On peut me dire n'importe quoi, les hommes peuvent me faire du mal, ce n'est rien. Les hommes ne peuvent plus que me faire du bien (bien attrapés!) Ils sont condamnés à ne plus pouvoir que me faire du bien. En fait, je voulais dire que me voilà bien seul. Sans nulle nostalgie ou aigreur. Sans rien. Je ne suis pas amoureux fou de la "nature" , ni de cet objet, ni de cette femme qui passe. La mort n'aura pas grand-peine à m'envahir. J'aurai travaillé pour elle."

"Je préfère la liberté de l'autre à la mienne. Pour qu'il me laisse libre."

"Un homme pris de poésie, comme on dit pris de boisson, malheur à lui, à ses proches, à ses volontés."

"Sans la littérature, on ne saurait ce que pense un homme quand il est seul."

"Travailler ! Travailler ! Comme si j'avais le temps."

"L'écrivain n'est jamais que le nègre de l'enfant qui a déjà tout vu."

PAPIERS COLLÉS ( 3 tomes / Gallimard )

Quatrième de couverture

Volontairement, paresseusement, éperdument, Georges Perros note. Bribes et morceaux ; fulgurations, colères, angoisse, apaisement, selon l'humeur, la lecture, le lieu, bref, comme tout le monde vit : par moments, par éclairs, par éclats.

Biographie de l'auteur

Né à Paris le 23 août 1923, Georges Poulot étudie l'art dramatique au Centre du spectacle de 1939 à 1946. Engagé à la Comédie-Française, il renonce pourtant au métier de comédien en 1950, devient alors lecteur au T.N.P. de Jean Vilar, puis pour le compte des Éditions Gallimard, où il se lie d'amitié avec les principaux membres de la N.R.F. Retiré en Bretagne, à Douarnenez, dès 1959, Georges Perros est mort le 24 janvier 1978 à Paris.


▶ georges perros - Vidéo Dailymotion

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L'homme à la moto
"Le professeur d'ignorance" , (tel était le titre que Perros s'était malicieusement attribué), remontait à moto de Douarnenez à la Faculté des lettres de Brest dans les années 68/70, pour donner à quelques étudiants des cours d'ignorance. Ceux-ci se tenaient dans un café ou en marchant, comme les péripatéticiens,sous "le portique" ou dans les couloirs de la fac.

Opalka - Fondu au blanc