Préface
Juin 2018 . Les cahiers n'étaient pas encore au feu et
les maîtresses , Sandrine et Isabelle , étaient encore au
milieu...d'une cinquantaine d'enfants de l'école primaire de La
Touline d'Arradon , accompagnées de 2 invités Olivier et Jacques .
Et tout ce petit monde-là s'est mis en tête d'écrire pendant 3
jours les 3 vers du plus petit poème du monde : le haïku .
Il n'y a rien de plus long que de vouloir faire court !
Juin 2018 . Le printemps était là . Le printemps est
toujours dans la tête des enfants . Il y a des idées qui germent
dans leurs têtes, il y a des fleurs et des plantes qui poussent dans
la cour de récréation et son jardin-potager. Comment faire entrer
ces deux mondes dans ce si petit poème ? Les enfants n'ont pas
besoin de mode d'emploi . Il leur suffit de se promener tout
simplement avec leurs 5 sens ...parfois sens dessus dessous .
Regarder le monde au plus près ; être attentif
au détail, au je-ne-sais-quoi , au presque-rien , à un "papillon vert qui se perd en couleurs dans le ciel", à « une
fourmi qui tranquillement traverse mon ombre ».
Écouter le monde , l'oreille aux aguets pour entendre
tombe « une écorce qui parle dans le vent et dans l'eau »
ou « un ballon rempli d'eau éclater de rire ».
Goûter le monde, devenir « la langue d'un chat
qui rape la mousse au chocolat », comparer "le goût
sucré de l'été au goût amer de l'hiver" .
Sentir le monde même si on a « le nez bouché
par la vanille et l'herbe qui flottent dans le vent »,
Toucher le monde et « avoir froid comme l'herbe
sous la neige ».
Il n'y a rien à comprendre, il y a tout à saisir,
surtout si c'est fragile, fugitif, éphémère ! S'asseoir là
sur l'herbe fraîche de la cour de re-création , être poreux au
monde, à tout et au rien! Rire mais aussi parfois « pleurer
sans larmes ». Les haïkus passent dans les têtes des enfants
et se posent sur leurs cahiers .
« Je vois la lune
le haïku monte au ciel
j'écris . »
Quand on est petit, on a hâte de devenir grand.
Quand on est grand, on voudrait redevenir petit, comme
Picasso qui avait mis toute une vie à peindre comme un enfant , lui
qui avait commencé à dessiner des colombes comme un adulte !
Les enfants de la Touline n'ont pas du tout cherché à écrire comme
les grands . Bien au contraire , pendant ces 3 jours passés à
écrire 3 vers, ils ont tout simplement laissé sortir sur leur
papier leur fraîcheur naturelle.
Ils en ont fait leur moisson et leur récolte est là,
dans ce petit livre de grands poèmes . L'infiniment grand dans
l'infiniment petit .
Jacques Poullaouec .
© Le Télégramme https://www.letelegramme.fr/morbihan/arradon/la-touline-les-eleves-publient-leur-recueil-de-haikus-20-11-2018-12139242.php#L9r8GPhPKCtUzFQA.99
Pendant trois jours, au printemps dernier, Jacques Poullaouec a initié à l’art poétique japonais les élèves des classes élémentaires de l’école La Touline, à Arradon. L’ancien professeur de lettres leur a notamment appris l’histoire et les recettes du plus petit poème du monde : le haïku. Celui-ci, extrêmement concis, use parfois de l’humour pour suggérer un sentiment. Il évoque en général un paysage ou un état d’âme.
Les écoliers ont dû utiliser leurs cinq sens : observer la nature, puis retranscrire, tout en émotions, leur ressenti. Un travail d’écriture et d’illustration pour chacun d’eux.
Devant ces bijoux de poésie, plein de sensibilité et de tendresse, le comité des fêtes du Moustoir a souhaité concevoir et éditer un recueil de ces poèmes.
Samedi soir, le livre « Haïku de La Touline » a été offert aux 47 enfants auteurs et poètes en herbe. Un livre vendu au prix de 10 €, disponible à l’école La Touline ou encore par le biais du comité des fêtes.
© Le Télégramme https://www.letelegramme.fr/morbihan/arradon/la-touline-les-eleves-publient-leur-recueil-de-haikus-20-11-2018-12139242.php#L9r8GPhPKCtUzFQA.99